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Vivonne : le jour où une bassine s’est vidée comme une baignoire


La bassine de Vaubourdeau après sa « vidange », fin janvier 2005.

| La Nouvelle République | Bassines

Le 3 janvier 2005, moins de quinze jours après avoir entamé son remplissage, la bassine de Vaubourdeau s’était subitement vidée : 90.000 m3 d’eau évanouis dans la nature. Le fond s’était effondré.
L’effacement des deux bassines de Vivonne permettra à la chambre d’agriculture de la Vienne de tirer un trait sur un épisode peu glorieux de sa gestion comme maître d’œuvre des premières bassines « made in Poitou. » Le 3 janvier 2005, la retenue de Vaubourdeau (capacité 410.000 m3), entre le relais routier et le centre pénitentiaire de Vivonne, lâchait sans prévenir 90.000 m3 d’eau du Clain injectés depuis le 19 décembre 2004, début officiel de son remplissage.

Inondation et bâche menaçante

Comme pour une baignoire sans bonde, le sol karstique s’était effondré, laissant découvrir un énorme trou par lequel le précieux liquide s’était échappé. À l’époque, cette fuite d’eau XXL n’avait pas vraiment fait rire les autorités. « L’eau a traversé sous la nationale 10 puis un terrain pour ensuite dévaler la falaise et se jeter dans la rivière, écrivait alors la journaliste de La Nouvelle République. Au passage, la cave et la grange du moulin du Boiscoutant, adossées à la falaise, ont été inondées. » Les pompiers étaient intervenus pour secourir les sinistrés de cette inondation inédite mais aussi pour sécuriser une immense bâche de la bassine. Gonflée par le vent, elle menaçait le relais routier et le trafic sur la N10 !

Des économies sur les études en cause

Réparer cette bassine avait été estimé à 1,5 million d’euros par la chambre d’agriculture de la Vienne. La chambre s’était retournée contre le bureau d’études. Interrogé dans nos colonnes en février 2017, le dirigeant de l’époque avait été cinglant : « Ils n’ont pas fait d’études sérieuses pour ces bassines. Ils m’ont commandé une pré-étude à 1.800 €… et ils ont construit. Normalement, une mission d’expertise comme celle-ci nécessite entre 28.000 et 40.000 € d’études. Ils ont fait des économies. Même l’étude concernant les risques technologiques n’a pas été faite. Nous avions émis un rapport défavorable au remplissage et ils ont quand même rempli. Nous ne sommes pas responsables du problème. »

Après une longue et coûteuse bataille juridique, les deux bassines inexploitables de Vivonne sont restées en l’état. Elles ont servi de caisse de résonance aux premières manifestations d’opposants aux bassines (Confédération paysanne, Aceve, Adema, UFC, Vivre en Clain… ). Comme en octobre 2008 où une immense bâche « SOS, eau voleurs » avait été déployée le long de la digue, dans une démonstration pacifique pour dénoncer l’accaparement de l’eau.