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Deux bassines déconstruites à Vivonne, dans la Vienne


Une pelleteuse gratte la terre de la digue de la bassine dite « des Plantis » à Vivonne.

| La Nouvelle République | Bassines

Inexploitables depuis leurs constructions, les deux bassines situées au bord de la N10, à Vivonne, sont en phase de destruction. Le groupe Sorégies y implantera deux centrales photovoltaïques.
On gratte, on arase et on déplace des milliers de m3 de terre et rochers, depuis quelques semaines, de part et d’autre de la N10 à Vivonne. Deux gros chantiers de travaux publics sont en cours, au nord et au sud de la commune. Ils ne passent pas inaperçus à hauteur des lieux-dits Vaubourdeau (près de la zone d’activité de l’Anjouinière) et des Plantis (à proximité du relais routier et du centre pénitentiaire).

Ces travaux ont une portée éminemment symbolique quand on connaît la mission des engins de terrassement : ils attaquent les digues des deux retenues d’eau à usage d’irrigation pour l’agriculture (réserves de substitution ou bassines, selon les appellations consacrées) de l’association syndicale autorisée (1) du Clain moyen. Deux ouvrages inexploités en raison d’un manque flagrant d’étanchéité observés dès leurs constructions, il y a plus de vingt ans.

Deux bassines maudites


Entre 2003 et 2005, six bassines avaient vu le jour dans le département, dont trois à Vivonne, sous la supervision préfectorale d’une mission interservices de l’eau (MISE) qui projetait, à l’époque, de stocker 5 millions de m3 à l’échelle de la Vienne. Les trois bassines réalisées à Vivonne devaient retenir un million de m3 d’eau. Deux n’ont jamais été exploitées : mal construites, l’une s’était effondrée sous le poids de l’eau ! Elles ont été traînées comme un boulet financier par la chambre d’agriculture de la Vienne (maître d’œuvre des chantiers) pendant des années.

Trente mille modules photovoltaïques

Après avoir tenté de retenir l’eau, les deux sites maudits se tournent vers le soleil. Le groupe Sorégies rêve d’un avenir plus radieux pour eux après avoir obtenu des permis de construire permettant d’y implanter deux centrales solaires photovoltaïques. Celle des Plantis sera la plus grande sur un terrain d’environ 8 ha pour développer une production estimée de 10.059 MWh par an grâce à 19.000 modules (2,17 m2 par module) répartis sur plus de 41.000 m2 de tables en acier.

Concernant la centrale photovoltaïque prévue à Vaubourdeau, entre le relais routier et le centre pénitentiaire Poitiers-Vivonne, la superficie totale du terrain sera d’un peu plus de 5 ha. À terme, plus de 11.000 modules seront disposés sur 205 tables en acier à 80 cm du sol. La production de cette centrale est estimée à 5.870 MWh par an, permettant selon le dossier consultable sur le site de la préfecture de la Vienne, « la consommation électrique domestique annuelle de 2.936 habitants » évitant 1.761 tonnes de rejets de CO2 par an.

« Nous ne pouvons pas communiquer »

Nous avons demandé au groupe Sorégies des précisions sur la nature technique des chantiers, notamment la masse de matériaux à déplacer pour reboucher ces ouvrages et aplanir les terrains. Nous avons également demandé la possibilité de réaliser des photos sur ces deux chantiers assez inédits. « Nous ne pouvons pas communiquer sur ces projets pour le moment mais nous ne manquerons pas de revenir vers vous lors de leur mise en service », a répondu le service communication. Lequel a également refusé la prise de vue sur les sites : « Pour des raisons de sécurité, leur accès ne peut malheureusement pas être ouvert au public. »