« Nos exploitations sont en péril » : autour de Rennes, les agriculteurs s’opposent aux nouvelles mesures sur la qualité des eaux
Face à la mauvaise qualité des eaux du bassin-versant de la Vilaine, le conseil de Rennes Métropole a donné un avis favorable à une série de mesures de la Commission locale de l’eau censées préserver la ressource en eau. Parmi elles, l’interdiction des pesticides maïs dans certaines zones. Une mesure qui n’est pas du goût des agriculteurs.
Alors que Rennes connaît une vague de chaleur en ce 19 juin 2025, la température est également montée lors du conseil métropolitain. En début de séance, la FDSEA 35 et les Jeunes agriculteurs sont intervenus pour exprimer leurs « vives préoccupations » sur le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) de la Vilaine, porté par la Commission locale de l’eau et censé permettre un approvisionnement en eau suffisant en quantité et en qualité. Une ressource fragile, en témoigne l’épisode de sécheresse et de tension sur les réserves en eau que connaît le bassin-versant de la Vilaine après un mois de janvier qui a vu, à l’inverse, des inondations historiques.
Les craintes de ces agriculteurs ? « Les mesures prévues par le Sage mettent en péril nos exploitations, dénonce Christian Mochet, représentant de la FDSEA et agriculteur à Servon-sur-Vilaine. Cela signifierait une baisse de 50 % de production de porc, de volaille et la fermeture d’une laiterie sur trois car on ne pourra plus utiliser nos méthodes de productions phytosanitaires ».
Un risque sur l’eau potable « à moyen terme »
Cette révision du Sage est motivée par un chiffre : seulement 7 % des masses d’eau du bassin-versant de la Vilaine sont considérées comme étant en bon état, soit neuf rivières sur les 148 qui la composent et un plan d’eau sur 22. « La pression humaine est forte. L’eau contient de l’azote et du phosphore en grande quantité et est contaminée par les pesticides, pointe Pascal Hervé, vice-président de Rennes métropole à l’eau, assainissement, GEMAPI, biodiversité et foncier. Cette situation menace à moyen terme la potabilisation de certaines ressources. »
Avec ce nouveau document de planification, l’objectif est, « qu’en 2040, le taux de pesticides dans l’eau brute devra s’être amélioré et 100 % des masses d’eau devront être en bon état d’ici 2050. »
Les herbicides maïs interdites dans trois ans
Pour y arriver, le Sage interdit les herbicides de maïs sur les parcelles à risque érosif dans les aires d’alimentation prioritaires. « Cette mesure, effective dans trois ans, est une première en France, note Pascal Hervé. Cette avancée significative doit être saluée quand bien même nous avons fortement plaidé pour une mesure plus ambitieuse ». Quant aux zones humides, elles ne pourront plus être détruites, « et dès le premier mètre carré car elle permet l’épuration de l’eau. Sur les 30 premiers mètres d’une zone humide, la pollution est réduite de 80 %. » Les haies et bocages dans les secteurs sensibles à l’érosion seront aussi protégés et leur destruction devra être compensée à 400 %.
Autre ambition, « d’ici à 2030, les prélèvements en eau devront être réduits de 10 % ». L’irrigation en période estivale va ainsi être restreinte. Le remplissage des réserves d’eau ne sera permis qu’en période hivernale et les prélèvements d’eau en hiver plafonnés. Le coût global du projet, sur le territoire de Rennes métropole, est estimé à 250 M€ sur dix ans.
La FDSEA demande des « dérogations » et un « accompagnement financier »
La FDSEA demande, elle, « un recours encadré au désherbage chimique en cas d’échec mécanique et un accompagnement financier. Nous demandons également des dérogations à l’interdiction des aménagements en zones humides pour des besoins agricoles réels. » Pour la Métropole, Pascal Hervé leur a assuré qu’un « accompagnement financier est prévu » pour les agriculteurs et que « des mesures de dérogation ont été validées. Mais la qualité des eaux, c’est aussi une question de santé publique et c’est essentiel. Et c’est à nous tous, élus, agriculteurs, entreprises et citoyens d’y prendre part ».