Nappes d'eau souterraine au 1er juin 2024
Du fait d’une recharge très excédentaire et perdurant jusqu’en mai, l’état des nappes phréatiques est très satisfaisant sur une grande partie du pays. 70% des niveaux sont au-dessus des normales.
Tendances d’évolution
La recharge 2023-2024 des nappes a été très excédentaire sur une grande partie du territoire, à l’exception du littoral ouest du Languedoc et du Roussillon ainsi que de la Corse. Durant le printemps, la végétation sort de sa dormance et absorbe une grande partie des eaux s’infiltrant dans le sol. Les pluies deviennent alors peu efficaces pour la recharge des nappes. Cependant, les cumuls pluviométriques ont été suffisants durant le printemps 2024 pour conserver des sols humides et satisfaire les besoins en eau de la végétation. Des pluies ont alors pu s’infiltrer en profondeur et soutenir voire recharger les nappes en avril puis en mai 2024.
En mai 2024, les tendances restent hétérogènes, les pluies continuant d’alimenter de nombreuses nappes. Les niveaux sont en hausse pour 38% des points d’observation et sont en baisse pour 39% (respectivement 44% et 39% en avril).
Les nappes inertielles présentent un temps de réponse long aux pluies efficaces. Les tendances observées en mai correspondent aux pluies infiltrées durant la fin de l’hiver et le printemps. Concernant les nappes de l’Artois, la vidange saisonnière a démarré courant avril et les niveaux sont en baisse en mai. Au droit du Bassin parisien, les tendances sont hétérogènes, généralement stables sur l’ouest et en hausse sur l’est et le sud. La recharge hivernale continue de s’estomper et la vidange semble se mettre progressivement en place. Enfin, sur le Sundgau (sud Alsace) et le couloir Rhône-Saône, la recharge est toujours active mais elle ralentit cependant sur les secteurs les moins inertiels.
Les tendances observées en mai sur les nappes réactives dépendent des pluies efficaces locales. Ainsi, la période de vidange s’est initiée en avril et s’est confirmée en mai sur de nombreux secteurs : bordure du Bassin parisien, Massif armoricain, ouest du Bassin aquitain, Provence, Côte d’Azur et Corse. La vitesse de vidange est cependant souvent restée réduite du fait de petits apports pluviométrique. Les nappes présentant des niveaux stables ou en hausse ont bénéficié de pluies efficaces importantes en mai. Cette zone concerne une bande allant de l’Alsace et la Lorraine au littoral languedocien et à la vallée amont de la Garonne, en passant par le Jura et le Massif Central. Ces apports ont soutenu les niveaux ou ont engendré une recharge souvent momentanée et minime des nappes. A noter que les nappes du Roussillon ont enregistré de très faibles hausses de niveaux fin avril et début mai. Seules les nappes des deux-tiers ouest du Massif Central ainsi que de l’est du Languedoc ont observé des recharges conséquentes, et notamment les nappes du socle du Limousin, les nappes de la plaine de la Limagne, les nappes des volcans du Massif Central et les nappes des calcaires jurassiques karstifiés des Causses du Quercy et de leurs bordures.
Situation des nappes
La situation des nappes à l’étiage 2023 était peu satisfaisante, les niveaux des nappes étant généralement sous les normales mensuelles. La recharge 2023-2024 a été nettement excédentaire sur la quasi-totalité des nappes, à l’exception des Pyrénées-Orientales, de l’Aude et de la Corse, et a perduré durant le printemps. L’état des nappes réactives s’est considérablement amélioré dès la fin de l’automne et s’est maintenu jusqu’au printemps grâce aux épisodes successifs de recharge. Sur les nappes inertielles, la situation générale s’est améliorée graduellement.
En mai 2024, la situation continue de s’améliorer par rapport au mois précédent. L’état des nappes est globalement très satisfaisant avec des niveaux actuels majoritairement au-dessus des normales mensuelles : 19% des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 11% sont comparables et 70% sont au-dessus (respectivement 22%, 13% et 65% en avril).
Les situations disparates s’expliquent essentiellement par l’intensité de la recharge 2023-2024 et par la réactivité de la nappe aux pluies infiltrées.
La situation est plus favorable que celle observée l’année dernière, en mai 2023, où 66% des niveaux se trouvaient sous les normales mensuelles. Seules les nappes des Pyrénées-Orientales et de Corse conservent des niveaux plus bas qu’en mai 2023.
Habituellement, la recharge des nappes inertielles de l’Artois, du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône se termine entre avril et mai et les situations se stabilisent alors. Cependant, du fait d’une recharge encore active en mai 2024, les situations s’améliorent sur plusieurs nappes du couloir du Rhône et de l’ouest et sud-ouest du Bassin parisien. Ailleurs, les situations sont stables par rapport au mois précédent.
En mai 2024, l’état des nappes inertielles est généralement satisfaisant avec des niveaux modérément hauts à hauts. Localement, des niveaux moins satisfaisants, de modérément bas à bas, s’observent sur plusieurs piézomètres du sud-ouest du Bassin parisien (nappe de la craie de Normandie et nappe des sables cénomaniens du Perche et du Maine) et de la Drôme des collines (nord de la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné). Seules les nappes les plus inertielles présentent encore des niveaux modérément bas à bas : Beauce, Bresse et Dombes, Sundgau (sud Alsace).
Concernant les nappes réactives, leur état n’évolue généralement que peu par rapport à avril. Il s’améliore uniquement sur les secteurs arrosés abritant des nappes très réactives : de l’est du littoral du Languedoc au Massif armoricain, en incluant le centre et l’ouest du Massif central ainsi que les Causses. Il se dégrade légèrement sur les nappes des Alpes et de Provence, impactées par des pluies localement déficitaires ou tombées sous forme de neige.
La situation est très satisfaisante sur la plupart des nappes réactives. Les pluies d’avril et de mai ont permis de conserver des niveaux modérément hauts à très hauts. L’état des nappes est proche des normales sur les vallées amont des Pyrénées (Gave de Pau, Adour, Garonne amont et Ariège), du fait d’une recharge 2023-2024 moins élevée et de l’absence d’apport par la fonte des neiges. Les nappes de Provence et de la Côte d’Azur sont globalement proches des normales à modérément hauts, mais les niveaux sont hétérogènes, de modérément bas à hauts, selon les cumuls pluviométriques locaux. En Corse, la situation des nappes est très contrastée : bas à très bas sur le Cap Corse et les plaines orientales, et proches à au-dessus des normales mensuelles sur l’ouest. Enfin, concernant les nappes du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon, les petites recharges de fin avril et de début mai n’ont pas permis de compenser les déficits de ces deux dernières années. Les niveaux demeurent très préoccupants.