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L’irrigation dans le viseur de la Cour des comptes


| La France Agricole | Actualités


Dans un rapport, la Cour des comptes insiste sur la nécessité de réduire les prélèvements en eau, notamment dans le secteur agricole. Elle estime que la Pac favorise une agriculture consommatrice en eau et recommande de conditionner le financement public de l’irrigation à une réduction des consommations.

Face au changement climatique, seule une stratégie de réduction des prélèvements et d’utilisation raisonnée de l’eau peut apporter une solution à long terme, conclut un rapport de la Cour des comptes sur la gestion quantitative de l’eau en période de changement climatique, publié le 18 juillet 2023. Celui-ci pointe notamment les usages agricoles, qui représentent 3 milliards de m³ d’eau sur les 32 milliards de m³ prélevés chaque année en France.

Onze recommandations pour mieux gérer l’eau

Changer le modèle agricole

L’irrigation, selon le rapport, s’est développée « dans des régions où cette pratique n’était pas habituelle et aggrave des situations déjà tendues ». Par ailleurs, la politique agricole commune (Pac) et certaines de ses mesures de mise en œuvre nationale « favorisent une agriculture très consommatrice d’eau dans des régions qui connaissent déjà de fortes tensions sur la ressource », estime-t-il.

Si la Cour des comptes considère que le suivi de l’état hydrique des sols par des sondes pour optimiser l’irrigation « apparaît comme une solution efficace », elle juge que d’autres « progressent lentement », à savoir la culture de variétés moins consommatrices en eau, la modification du matériel d’irrigation ou encore les mesures agroenvironnementales (MAEC) de désirrigation proposées par la Pac.

« Ces aides ponctuelles pour une moindre consommation d’eau restent moins intéressantes financièrement que les aides de la Pac qui ne sont subordonnées à aucun critère concernant une baisse des prélèvements en eau, voire encouragent certaines cultures nécessitant un fort apport en eau sans condition de lieu », fait savoir la Cour des comptes.

Conditionner l’irrigation

Dans ses conclusions, la Cour des comptes recommande de conditionner le financement public d’infrastructures d’irrigation agricoles à « des engagements de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement et à la réduction des quantités d’eau utilisée pour irriguer ».

S’appuyant sur les données de la banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau, la Cour des comptes indique que les prélèvements d’eau destinés à l’irrigation ont plus que doublé en une décennie, pour atteindre 3,42 milliards de m³en 2020. « En France en 2010, la surface irriguée représentait 1,57 million d’hectares, soit 5,8 % de la surface agricole utile (SAU) », indique-t-elle.