PFAS : l'UE interdit finalement le désherbant flufénacet, l'un des polluants éternels
Les États membres de l'Union européenne ont définitivement adopté, le 12 mars, l'interdiction du flufénacet, un herbicide de la famille des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), très utilisé en grandes cultures et pointé du doigt pour son caractère perturbateur endocrinien et sa forte présence dans l'eau. En septembre dernier, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) a notamment mis en exergue sa toxicité pour les milieux aquatiques.
« Il se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA), un PFAS hautement persistant qui contamine les nappes phréatiques et l'eau potable », explique Générations futures, qui se félicite de cette décision. Cependant, l'ONG déplore « le délai de grâce de dix-huit mois accordé pour écouler les stocks. (...) Le flufénacet est resté sur le marché plus de onze ans après l'expiration de son autorisation initiale, faute d'une évaluation finalisée ». L'autorisation du flufénacet, qui expirait le 31 décembre 2013, a en effet été prolongée neuf fois et court jusqu'en juin 2025.
Générations futures appelle à des mesures plus globales pour éviter le remplacement du flufénacet par d'autres substances tout aussi problématiques. Elle pointe notamment du doigt le flutolanil, « un autre pesticide PFAS et émetteur de TFA », pour lequel « le vote de son interdiction est au point mort, faute de soutien suffisant des États membres », et le fluopyram, qui « devrait également être interdit, les données disponibles étant déjà suffisantes pour justifier cette décision ». Selon elle, tous les pesticides PFAS devraient être interdits. C'est également la demande adressée récemment à la Commission européenne par une cinquantaine d'eurodéputés.
« Malgré l'interdiction d'aujourd'hui, nous mettrons des années, plutôt des décennies, à faire disparaître les résidus de ce pesticide de notre eau. Surtout, il en va de même pour un nombre incalculable de molécules dont on connaît la toxicité et qui pourtant sont encore aujourd'hui autorisées. Nous devons interdire la mise sur le marché des pesticides PFAS et connus comme perturbateurs endocriniens », souligne de son côté Jean-Claude Raux, député écologiste (Loire-Atlantique). Il demande également l'application du principe pollueur-payeur et de contraindre, notamment Bayer, à dépolluer.