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Aisne: le ministère de la Santé assouplit les règles de consommation de l’eau contaminée par les pesticides


| L'Union | Pollution


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La valeur de pollution qui conduisait jusque-là les préfets à solliciter des maires une restriction de consommation de l’eau potable devient plus souple. Le résultat d’une instruction ministérielle diffusée « sobrement » en octobre.

La gestion de l’eau distribuée dans les foyers se complexifie avec la découverte ces derniers mois dans les analyses menées pour le compte d’agences régionales de santé (ARS), de nouveau polluants. La Chloridazone de BASF et ses deux principaux produits de transformation apparaissent massivement dans les territoires betteraviers. Depuis quelques mois, c’est le Chlorothalonil et son principal métabolite, le R 471811 qui suscite l’inquiétude au point que Syngenta le fabricant de la molécule mère, commercialisée en 1970, a été « incité » à conduire des expérimentations pour déterminer une valeur au-delà de laquelle la substance est dangereuse pour l’homme.
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Parallèlement dans l’Aisne, l’agence régionale de santé expliquait progresser dans le recensement des sites pollués par le métabolite du Chlorothalonil et assurait le mois dernier avoir collecté les résultats d’un tiers des analyses menées laissant augurer la définition d’un état sanitaire des eaux de la région.
 

Les restrictions de consommation de l’eau potable ne s’appliquent plus aussi fermement

Las ! La ligne de conduite des autorités a radicalement changé  et ce dont on se doutait s’avère aujourd’hui si l’on en croit le contenu d’une instruction communiquée par le ministère de la santé aux directeurs des agences régionales, aux préfets de régions et de département. Le texte est daté du 20 octobre dernier et, concernant les dérivés de la Chloridazone et du Chlorothalonil, met un terme au moins provisoire à l’usage de la valeur de 3 microgrammes de polluant par litre d’eau (la VST pour valeur sanitaire transitoire) au-delà de laquelle les préfets devaient demander aux maires de prendre dans leurs communes une mesure de restriction de consommation.
Pour mémoire, c’est ce principe qualifié par la direction générale de la santé de « précaution », qui a conduit les maires axonais de Merlieux-et-Fouquerolles, Nouvion-le-Vineux, Le Thuel ou Vaudesson pour ne parler que des dérivés de la Chloridazone, à demander à leurs administrés de ne plus consommer l’eau de réseau.

Pas de « bien-fondé » scientifique

Or depuis la découverte de la pollution de nappes, captages et sources par la Chloridazone et ses dérivés, la situation s’est considérablement assombrie puisque c’est désormais le Chlorothalonil sur lequel la littérature scientifique manque mais que l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) classe comme cancérigène probable, qui vient ajouter du trouble. Un flou que le ministère de la santé qualifie « d’incertitude » dans « l’ attente de données avérées sur les éventuels dangers et risques » de ces produits.
Le ministère considère maintenant « qu’une mesure de restriction ne peut s’entendre que si elle est bien fondée scientifiquement » et que ces mesures envisagées différemment et notamment en Allemagne, s’avèrent complexes à mettre en œuvre et provoquent « des difficultés d’accès à l’eau potable ». Conséquence : la valeur sanitaire transitoire au-delà de laquelle, les préfets via les ARS étaient amenés à solliciter des élus qu’ils prennent des mesures de restriction de consommation n’est plus un incontournable.« Cette recommandation concerne également le cumul des substances », note l’instruction ministérielle, qui prévoit en outre un « plan d’action » allant de la comparaison France/autres états européens, à l’information du consommateur en passant par la sollicitation des agences d’expertise sanitaire « pour répondre aux besoins de connaissances ».
Ces nouvelles instructions ont été diffusées deux semaines avant, sur pression de la FNSEA, le gouvernement ne renonce à la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD), perçue sur les ventes de pesticides, ainsi que celle de la redevance pour prélèvement sur la ressource en eau pour l’irrigation.