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Sécheresse : Emmanuel Macron annonce de nouveaux moyens pour améliorer la gestion de l'eau


Emmanuel Macron a annoncé un objectif de réduction des prélèvements en eau en France de 10 % d'ici à 2030


| Les Échos | Documentation

Le « plan eau » dévoilé jeudi par le chef de l'Etat prévoit une série de mesures et de grands objectifs, dont certains étaient déjà connus. Mais cette fois, l'Etat revoit significativement à la hausse les moyens des agences de l'eau.

Le grand « plan eau » du gouvernement changera-t-il réellement la donne ? Quatre ans après les Assises de l'eau, un an après le Varenne agricole de l'eau, ses grandes ambitions seront-elles davantage suivies d'effets que par le passé ? Les professionnels veulent y croire. Le fait qu'il ait été présenté ce jeudi par Emmanuel Macron est jugé comme un signal positif - même si le chef de l'Etat souhaitait sans doute aussi détourner l'attention de la réforme des retraites.

« C'est un message fort ! » réagit Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce, qui représente les collectivités locales. « L'eau est un sujet fondamental, mais pas assez politisé. » La sécheresse de l'été 2022 a certainement aussi contribué à propulser le sujet sur le devant de la scène. « Aucun des scénarios scientifiques sur le climat ne nous dit que la situation va s'améliorer », a insisté Emmanuel Macron dans son discours.

Nouveaux moyens

Grande différence avec les initiatives précédentes, ce « plan » prévoit de débloquer de nouveaux moyens pour les agences de l'eau. Car la gestion de l'eau reste avant tout du ressort des collectivités locales - et le chef de l'Etat a confirmé qu'il n'était pas question de revenir sur cette organisation : ce sont notamment les redevances prélevées par les agences de l'eau qui permettent aux collectivités d'engager des investissements de long terme.

Le chef de l'Etat a annoncé une augmentation globale des moyens des agences de l'eau de 475 millions d'euros par an. Leur plafond de dépenses sera supprimé.

Les redevances, aujourd'hui essentiellement prélevées sur les particuliers, seront augmentées et pourraient être élargies aux autres consommateurs d'eau, industriels et agriculteurs. « Un tel élargissement rapporterait 1,2 milliard d'euros », a calculé Nicolas Garnier. De quoi mettre en oeuvre une nouvelle politique de l'eau réellement ambitieuse.

Economiser 10 %

Le plan élaboré par le ministère de la Transition écologique en collaboration avec celui de l'Agriculture, qui comporte au total 53 mesures, vise à la sobriété : il prévoit un objectif global de réduction des prélèvements d'eau de 10 % d'ici à 2030. L'énergie, l'industrie, l'agriculture et le tourisme seront concernés.

Dans l'industrie, il s'agit d'étudier les économies possibles des 50 sites les plus consommateurs d'eau. Dans l'énergie, le gouvernement va demander à EDF d'engager un travail sur les centrales électriques (nucléaire et hydroélectricité) pour réduire leurs consommations. L'agriculture sera elle aussi mise à contribution : il lui sera demandé de stabiliser ses prélèvements, ce qui représente en soi un effort dans un contexte de réchauffement climatique.

Les particuliers seront eux aussi sollicités. Le gouvernement lancera comme prévu avant l'été une campagne de sensibilisation à destination du grand public. Emmanuel Macron a aussi confirmé la mise en place d'ici à l'été d'un « Ecowatt de l'eau », qui permettra de connaître la situation de chaque territoire et les mesures adaptées dans chacun d'entre eux. Ce sont les préfets qui décident des restrictions à engager dans chaque département, en fonction de la situation hydrique locale. Les particuliers devraient aussi être aidés pour l'installation de dispositifs permettant d'utiliser les eaux de pluie, par exemple, « en fonction des besoins sur les territoires ».

Plus généralement, tous les projets relatifs à l'utilisation de l'eau devront être montés via des schémas d'aménagement et de gestion de l'eau. « En posant des objectifs par acteur, ces schémas permettront de responsabiliser tout le monde », estime Nicolas Garnier.

Tarification progressive

L'Etat prévoit aussi de rendre possible toute une série de mesures, qui restent du ressort des collectivités locales. Il compte ainsi « faciliter » la tarification progressive de l'eau, qui consisterait à augmenter fortement les prix au-delà d'un certain volume consommé - de sorte à pénaliser le remplissage des piscines ou le lavage des voitures, par exemple.

Il veut également inciter les communes à s'attaquer aux problèmes des fuites , qui représentent en France 20 % de l'eau potable entrant dans les réseaux de distribution, et développer la réutilisation des eaux usées, qui sortent des stations d'épuration et sont aujourd'hui rejetées dans la nature. Les freins réglementaires seront levés et les procédures administratives allégées, de sorte que 1.000 projets de « réut » soient lancés d'ici à 2027.

« Ce plan coche pas mal de cases », souligne Nicolas Garnier. Seul bémol, l'accent insuffisant mis sur la qualité de l'eau - un regret que plusieurs ONG ont aussi formulé. « On ne parle pas encore de trop remettre en cause la forte consommation d'intrants, de pesticides et d'engrais azotés dans l'agriculture », a regretté Alexis Guilpart, de France Nature Environnement, auprès de l'AFP.