L'eau en France : ressource et utilisation
Une ressource abondante mais sous tension localement en période estivale
La ressource en eau douce se trouve dans les eaux de surface (cours d’eau, lacs) et dans les nappes d’eau souterraines. Un volume moyen de 210 milliards de m3 se renouvelle année après année sur le territoire métropolitain, apporté à la fois par les précipitations et par les fleuves et rivières arrivant des territoires voisins.
Avec des prélèvements totalisant environ 31 milliards de m3, les besoins en eau semblent donc couverts à ces échelles de temps et d’espace. Cependant, les plus forts prélèvements d’eau ont lieu en été lorsque la disponibilité de la ressource est la plus faible, ce qui peut provoquer localement de fortes tensions sur cette ressource, ainsi que des pénuries temporaires (graphique 1).
Graphique 1 : répartition par saison hydrologique de l’apport d’eau douce renouvelable (moyenne 1990-2018)
Sources : Météo-France, précipitations totales, évaporation ; banque Hydro, flux entrants.
- © Traitements : SDES, 2021
Note : par convention, les saisons hydrologiques débutent en septembre. L’automne inclut ainsi les mois de septembre à novembre, l’hiver décembre à février, le printemps mars à mai et l’été compte les mois de juin à août.
Plus de 80 % du volume d’eau douce prélevée est puisé dans les eaux de surface (rivières, lacs, canaux, retenues, etc.), compte tenu des quantités nécessaires au refroidissement des centrales électriques et à l’alimentation des canaux. En faisant abstraction de ces deux usages, les prélèvements d’eau douce mobilisent globalement autant les eaux souterraines que les eaux superficielles (graphique 2).
Graphique 2 : répartition des volumes d’eau douce prélevés par usage et par milieu, en 2018, en milliards de m3Source : OFB, Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE). Champ : France métropolitaine.
- © Traitements : SDES, 2021
Note : données déclarées auprès des agences de l'eau, hors prélèvements en mer et en eau saumâtre, hors hydroélectricité.
Eau prélevée et eau consommée
L’eau consommée correspond à la partie de l’eau prélevée non restituée aux milieux aquatiques. Cette part est très variable selon les utilisations.
En moyenne, entre 2008 et 2018, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 5,3 milliards de m3 en France métropolitaine (soit environ 20 % de l’eau prélevée, hors alimentation des canaux), ce qui représente 82 m3/habitant.
L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 45 % du total, devant le refroidissement des centrales électriques (31 %), l’eau potable (21 %) et les usages industriels (4 %).
Cette répartition est très variable selon les bassins : l’eau consommée est attribuée majoritairement à l’agriculture dans les bassins Adour-Garonne (78 % du total d’eau consommée) et Loire-Bretagne (55 %), à l’eau potable en Artois-Picardie (62 %) et en Seine-Normandie (56 %), et à la production d’électricité en Rhin-Meuse (58 %) et en Rhône-Méditerranée (46 %) - (graphique 3).
Graphique 3 : prélèvements et consommation d'eau douce en France (moyenne 2008-2018) en millions de m3
Sources : OFB, Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (volumes prélevés).
- © Traitements : SDES, 2021
Note : EDF (coefficients de consommation d'eau pour les centrales électriques nucléaires) ; Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement (taux de rendement des réseaux de distribution d'eau potable) ; Ifen, OIEau, agences de l'eau, Les prélèvements d'eau en France en 2001, mars 2004 (coefficients de consommation par activités).
Un indicateur pour évaluer localement l'exploitation de la ressource
La répartition géographique des prélèvements d’eau douce varie selon les usages. Si les volumes destinés à l’eau potable sont répartis sur l’ensemble du territoire, ceux pour l’agriculture sont plutôt concentrés dans le sud du territoire, et ceux pour l’industrie à l’Est et au Nord. Une très grande partie du volume d’eau douce prélevé pour le refroidissement des centrales électriques est concentrée sur un nombre restreint de sites.
Pour évaluer si la consommation d’eau dépasse ponctuellement la capacité de la ressource à se renouveler, au regard notamment des besoins naturels de l’écosystème, l’indice d’exploitation de la ressource en eau (WEI+) est utilisé. Il est défini par l’Agence européenne pour l’environnement comme le rapport entre les consommations en eau et la ressource en eau renouvelable sur une période et un territoire donnés.
La ressource en eau renouvelable d’un bassin-versant est calculée en ajoutant le volume d’eau consommée au volume d’eau sortant de ce bassin-versant. L’indice WEI+ est d’autant plus élevé que la ressource en eau renouvelable est faible et la consommation en eau liée aux activités humaines importante. Il fluctue selon l’année et la saison.
En France métropolitaine, l’impact de l’utilisation de l’eau est plus important en période estivale (de juin à août), pendant laquelle 60 % des consommations en eau ont lieu, alors que seulement 15 % du volume annuel d’eau douce s’écoule sur le territoire (moyenne 2008-2018).
Carte 1 : fréquence des épisodes annuels de restriction de niveau « crise » des usages de l’eau superficielle d’une durée de plus d’un mois, sur la période 2012-2020
Champ : France métropolitaine et Corse. Sources : ministère en charge de l’Écologie ; ministère en charge de l’Agriculture, 2021.
- © Traitements : SDES, 2021
Note de lecture : « 3 à 4 fois sur la période » signifie que des crises d’au moins un mois ont eu lieu 3 ou 4 années sur 9.
La France ne connaît pas actuellement de déficit chronique à l’échelle nationale. Toutefois, l’accès à l’eau n’est pas garanti toute l’année et partout (carte 1).
Pour prévenir les conflits d’usage dus au manque local d’eau, tout en préservant les milieux aquatiques (respect des débits réservés), l’État, les agences de l’eau et les acteurs locaux mettent en place des actions pour ajuster les prélèvements en eau à la ressource réellement disponible, en anticipant les conséquences du changement climatique (augmentation de la fréquence des sécheresses, diminution des débits, etc.).
Lorsqu’une pénurie d’eau est prévisible, les préfets déclenchent des restrictions d’eau graduelles et temporaires pour préserver les usages prioritaires. Le niveau de crise entraîne des interdictions partielles ou totales. Sur la période 2012-2020, de telles mesures ont été prises fréquemment sur certaines zones du territoire, notamment de l’Ouest et du Sud-Ouest, ce qui montre la fragilité de ces secteurs par rapport à la disponibilité de l’eau.