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Bassines Agricoles: Les conséquences vues par un géologue


| Frizon de Lamotte | Documentation

Au-delà de la mobilisation du 28 janvier, autour de la bassine agricole de Banthelu, et l’alerte lancée par des associations de défense de l’environnement sur la réserve en eau, des questions surgissent sur l’impact géologique de telles installations.
Le professeur Dominique Frizon de Lamotte, fondateur du département géoscience de l’université de Cergy-Pontoise, explique en quoi les bassines agricoles présentent une menace pour les sols.
Dans le but de soustraire de l’eau, pour la stocker dans une immense bassine, un forage a été effectué dans le sous-sol des terres agricoles du Vexin, à Banthelu.
L’eau puisée dans la nappe phréatique doit permettre d’irriguer les champs en cas de pénurie, comme ce fut le cas l’été der- nier, en raison de la sécheresse. Une méthode qui interpelle les défenseurs de l’environnement, mais aussi le géologue Dominique Frizon De Lamotte, qui alerte sur les risques d’un développement de cette pratique.
« Ce qui est absurde, c’est que l’eau qui est remontée en surface perd de sa qualité et ne peut plus être utilisée pour autre chose que l’irrigation des cultures », explique le géologue.
« Si on pompe trop en hiver, il n’y aura plus assez d’eau en été, dans les rivières et dans les sources », alerte Dominique Frizon de Lamotte, sur le risque de surexploitation de la nappe phréatique.
« L’eau des cours d’eau, c’est celle qui déborde de la nappe phréatique. Une nappe profonde, située dans la craie en sous-sol. Or l’eau en sous-sol, même en surplus, doit rester en sous- sol », précise le géologue.
La multiplication des bassines provoquerait, selon lui, un dérèglement écologique de la distribution naturelle pour les terres voisines.

Assèchement de l’Aubette

« Il n’y a jamais de surplus d’eau. L’eau de la nappe phréatique, en hiver, sert à alimenter les rivières l’été. Or, avec l’aménagement de bassines agricoles, le risque de voir l’assèchement d’un cours d’eau est réel », prévient le professeur.
Dans le Vexin, l’inquiétude concerne un assèchement de l’Aubette de Magny, mais aussi de celle de Meulan.
« Actuellement, les nappes sont plutôt basses », souligne le spécialiste.
Pour ce qui est de la bassine de Banthelu, elle est construite sur un terrain argileux, propice à la retenue d’eau, par une imperméabilisation du sol. Mais l’eau qui est dessous, celle de la nappe phréatique alimente les villages à la frontière des deux versants, et les cours d’eau que sont l’Aubette de Magny et l’Aubette de Meulan. Le village de Banthelu est sur le bassin-versant de l’Aubette de Magny, donc de l’Epte.
« L’eau doit rester à sa place naturelle, dans la nappe phréatique », martèle Dominique Frizon de Lamotte, bien conscient de l’enjeu de l’eau pour le milieu agricole. « Il faut trouver un partage équitable et éviter que quelqu’un s’octroie l’eau à sa guise », avertit-il.
Dans le monde rural il existe des mares, qui font office de bassine. Mais celles-ci ne suffisent plus à irriguer les étendues agricoles d’aujourd’hui