Dans le Val-d'Oise, la construction d'une mégabassine suscite la controverse !
La mégabassine construite sans autorisation dans le Vexin à Banthelu (Val-d'Oise) ne sera pas longtemps passée inaperçue. Avertis par un riverain témoin de la construction d'un immense bassin de rétention d'eau sur la petite commune rurale de 150 habitants, des associations environnementales dont Val-d'Oise Environnement, la Confédération paysanne et Demain le Vexin se mobilisent contre le projet.
Elles organisent un grand rassemblement ce samedi 28 janvier dans la commune pour protester contre l'immense retenue d'eau de 125 mètres de long capable de stocker 25.000 m3 d'eau, la première dans la région Ile-de-France. Cette manifestation fait suite à un recours déposé en décembre devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise contre la décision de la préfecture du Val-d'Oise de ne pas s'être opposée à ce projet quand le sujet a été porté à sa connaissance au mois d'août.
Entorse à l'urbanisme
En effet, la direction départementale des territoires a délivré un récépissé à la suite de la déclaration de forage dans la nappe phréatique d'un exploitant agricole de la commune. Le porteur du projet, la SCEA SC agricole et avicole de Banthelu, a été autorisé à prélever 150.000 m3 par an pour remplir sa bassine pour irriguer environ 350 hectares de cultures. Or dans son courrier, la préfecture du Val-d'Oise conditionne cette opération à l'obtention des autorisations d'urbanisme.
Et c'est bien là que le bât blesse. La retenue d'eau et le forage ont été construits sans permis de construire et contreviennent à la réglementation. En effet, une grande partie de la bassine se trouve sur un terrain non constructible. Par conséquent, le 21 décembre dernier, la préfecture a indiqué à la municipalité la démarche à suivre pour dresser un procès-verbal et stopper le projet. « Si le maire ne demande pas la remise en état du terrain, nous allons nous substituer à lui », prévient Philippe Court, le préfet du Val-d'Oise, qui vient de mettre en demeure la commune pour qu'elle lui transmette le PV. « D'un point de vue du droit sur l'eau, la procédure était régulière, c'est une infraction au code de l'urbanisme », ajoute-t-il.
Débat sur la gestion de l'eau
A l'origine, cette retenue d'eau a été creusée par un exploitant de la commune dans le but d'arroser près de 350 hectares de betteraves, de maïs, de pommes de terre et d'oignons, fragilisés par le changement climatique. Or ce type de solution est de plus en plus contestée, comme ce fut le cas dans les Deux-Sèvres à Sainte-Soline , contre un projet d'une bien plus grande ampleur.
Pour les associations de défense de l'environnement, qui veulent ouvrir un débat sur la gestion de l'eau, c'est un remède pire que le mal. Alors que la recharge des nappes phréatiques est de plus en plus faible, elles estiment que les bassines aggravent ce phénomène et interrogent sur la privatisation de l'eau. « Derrière la bassine se pose la question de la qualité et la quantité de la ressource en eau dans le Vexin », souligne Bernard Loup, le président de Val-d'Oise Environnement, qui demande une concertation plus forte sur l'enjeu, alors que les arrêtés préfectoraux antisécheresse se sont multipliés au cours de l'été caniculaire.