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Sécheresse : la France bat un record en hiver avec 25 jours sans pluie

| Le HuffPost | Actualités

Depuis le 21 janvier, la France a enregistré moins d’un millimètre d’eau par jour en moyenne, une sécheresse hivernale record depuis 1989.

Les sols et les cultures attendent la pluie comme le messie. Météo France annonçait ce mardi 14 février que l’Hexagone venait d’enregistrer son 23e jour consécutif avec, en moyenne, un cumul de pluie inférieur à un millimètre sur l’ensemble du territoire. Avec 25 jours sans précipitations suffisantes ce jeudi, le record de l’hiver 1989 – où l’on avait enregistré 22 jours sans pluie, du 22 janvier au 12 février – est largement dépassé.

« Il est possible que, à l’échelle du pays sur la période 1959-2023, ce mois de février 2023 devienne le mois de février le plus sec observé en France, et qu’on entame le printemps météo avec les sols les plus secs observés », s’est inquiété ce mercredi sur son compte Twitter Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste et nivologue.

Conditions anticycloniques depuis un mois

Des craintes partagées hier par son homologue Serge Zaka, agroclimatologue : « Il n’y a pas eu de pluie significative en France depuis 24 jours (record sur la période hivernale). Le pays pourrait vivre son mois de février le plus sec depuis le début des mesures. »

« L’indice d’humidité des sols pour Perpignan est digne d’un climat semi-désertique. En plein hiver, l’indice de février est équivalent à celui du mois de... août. Un record ! », a poursuivi le chercheur ajoutant que « la végétation souffre et meurt sur pied ».

Mais comment expliquer ce phénomène ? En fait, un anticyclone « marqué par des hautes pressions » s’est installé en France depuis un mois, analyse Météo France. Les températures sont ainsi bien trop douces, avec « des valeurs moyennes pour un mois de mars, voire d’un mois d’avril » et une humidité qui a du mal à pénétrer dans les sols.

Inquiétude des agriculteurs

La situation devient très critique pour les agriculteurs du sud de la France qui se demandent bien comment les cultures vont pousser sur une terre aussi sèche. « Le problème c’est qu’on sort d’une année de sécheresse, aujourd’hui les étangs sont vides car il n’y a eu aucune précipitation, donc on redémarre une saison sans eau », constate Alain Coquart, arboriculteur dans le Rhône, au micro de RMC.

Les viticulteurs s’inquiètent aussi pour les vendanges à venir s’il ne pleut pas dans les quinze prochains jours : « Les bourgeons vont commencer à sortir, la vigne va se réveiller, et quand elle se réveille elle a besoin de force. Pour l’instant, elle n’a pas la pluie nécessaire », explique à RMC Lionel Lavail, viticulteur dans les Pyrénées-Orientales.

La sécheresse des sols est aussi propice aux déclenchements des incendies. Dans les Pyrénées-Orientales, 60 hectares de végétation sont partis en fumée le 5 février. Ce département a également mis en place plusieurs mesures de restrictions d’eau. La semaine dernière, les Bouches-du-Rhône ont pour leur part émis un arrêté « de passage au stade de vigilance sécheresse sur le département ».

Lacs et nappes phréatiques à sec

Les niveaux des lacs et points d’eau sont eux particulièrement bas en France, à l’instar du lac de Vouglans, dans le Jura, comme l’atteste la photo ci-dessous partagée sur Twitter par François Jobard, météorologue à Météo France.

Le Lac de Montbel (Ariège) est lui aussi est à un niveau « extrêmement bas pour la saison », indique le service météo de la région. « Toujours pas ou peu de précipitations à venir ces prochains jours et dans 2 semaines c’est déjà la fin de l’hiver météorologique », écrit Météo Pyrénées sur Twitter avec une photo illustrant le recul net du niveau lac en février 2022 par rapport à l’an passé.

La pluie entre novembre et mars est également cruciale pour recharger les nappes phréatiques qui sont déjà à des niveaux « préoccupants » dans la majeure partie des régions françaises, comme l’a souligné, dans son dernier bulletin mensuel publié 13 janvier, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM). En cause : une sécheresse de neuf mois en 2022 qui se poursuit encore début 2023.

Même si des averses sont prévues en fin de semaine, elles seront insuffisantes pour faire remonter le niveau des nappes phréatiques et gorger les sols d’eau. L’hydrologue David Labat expliquait d’ailleurs au HuffPost en janvier que le scénario de la sécheresse de l’été 2022 se profilait déjà pour 2023, à moins que le printemps ne soit très pluvieux.