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Pourquoi, malgré les fortes pluies, les nappes phréatiques autour de l’Orge restent à un niveau critique


| Le Parisien | Actualités


Les dernières précipitations n’y changent rien : la préfecture de l’Essonne a confirmé lundi le maintien des restrictions d’eau dans les dizaines de communes touchées par la sécheresse. Un expert chargé de la surveillance des nappes d’eau nous explique la situation.

« Ce ne sont pas les pluies que nous avons connues ces derniers jours qui vont suffire à faire remonter le niveau des nappes phréatiques, c’est certain », constate amèrement Pascale Simonin, directrice de la communication du Syndicat de l’Orge. La préfecture de l’Essonne a annoncé lundi 31 juillet sur ses réseaux sociaux que la pénurie d’eau persistait et que le niveau de crise dans près de 60 communes était donc maintenu, prolongeant par la même occasion les restrictions déjà appliquées.

Retrouvez l'ensemble des mesures applicables sur https://t.co/qydMv3zzff pic.twitter.com/wOEiDsGi3m

Au mois de juin, 68 % des niveaux des nappes restaient inférieurs aux normales mensuelles sur l’ensemble du pays, d’après les données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des nappes d’eau du territoire. « La situation est assez critique et, chaque année, les alertes sécheresse sont déclarées de plus en plus tôt », analyse Benjamin Lopez, directeur régional du BRGM Île-de-France.

Des restrictions d’eau à l’ouest depuis le 16 juin

En Essonne, le niveau de crise en 2022 et en 2020 n’était intervenu que fin juillet et en août tandis que cette année l’arrêté préfectoral imposant des restrictions d’eau a pris effet dès le 16 juin, date à laquelle le débit de la Rémarde, un affluent de l’Orge, a atteint son seuil d’alerte. Depuis, de nombreux habitants et professionnels de l’ouest du département ne peuvent plus utiliser l’eau à leur guise. Il leur est notamment interdit de laver leur voiture, d’arroser leur pelouse, de nettoyer leur toiture et leur façade ou encore de remplir et vidanger leur piscine, sous peine de sanction.

 

Avec les récentes averses, des interrogations sur la prolongation de ces restrictions en eau ont pu émerger. Pourtant, si les dernières précipitations ont permis aux végétaux de puiser moins abondamment dans les réserves souterraines, le phénomène est loin d’être suffisant pour un retour à la normale. « À l’heure actuelle en Essonne, bien que le débit des cours d’eau est remonté légèrement grâce aux dernières précipitations, les valeurs des débits restent sous les seuils définis et imposent le maintien des différents arrêtés en cours », précise la préfecture ce mercredi. « On subit les conséquences du manque de pluie que l’on enregistre depuis l’automne 2021 », remarque Benjamin Lopez.

« L’un des niveaux d’eau les plus bas jamais connus »

Le département est alimenté en majorité par trois nappes phréatiques : les calcaires de Champigny, principale ressource d’eau souterraine en Île-de-France, les calcaires de Brie et celles de la Bosse. « Le niveau actuel des nappes est plus bas que bas, surtout à Champigny. On enregistre une dizaine de centimètres d’eau en moins qu’en 2022 alors que la sécheresse était déjà très importante. C’est l’un des niveaux les plus bas jamais connus », constate l’expert.

Selon lui, trois grands phénomènes maintiennent l’état de crise. « Le changement de régime des pluies entraîne la diminution des précipitations en hiver et des pluies plus orageuses en été, ce qui fait que les nappes n’ont pas pu se régénérer autant que nécessaire », décrypte Benjamin Lopez.

En effet, les nappes phréatiques se rechargent principalement en hiver, quand la végétation est en sommeil. En dehors de cette période, les plantes captent l’eau pour leur croissance avant qu’elle puisse atteindre les réserves à 20 ou 30 m de profondeur.

Pas d’amélioration en vue avant l’automne

Ensuite, lorsqu’il pleut abondamment comme ces derniers jours, une grande quantité d’eau s’évapore en raison de la chaleur de l’atmosphère. L’autre partie ruisselle sur les sols trop secs sans parvenir à s’infiltrer ou est vidangée vers les exutoires comme les sources et les cours d’eau. Enfin, « quand le déficit de pluie cumulé est trop important, il faut que les précipitations soient vraiment prolongées et fréquentes pour rattraper les années précédentes », précise le directeur régional du BRGM.

Si les spécialistes ne peuvent prédire le terme de cette sécheresse, aucune amélioration n’est attendue avant l’automne et aucun épisode de recharge ne devrait s’observer durant l’été, sauf événements pluviométriques très exceptionnels.

D’où l’importance de maintenir les restrictions déjà en place. « La sobriété des particuliers, des industries et des agriculteurs est absolument primordiale pour des effets à court terme sur les cours d’eau, insiste Benjamin Lopez. Mais avec la tendance actuelle de diminution de la disponibilité de l’eau, c’est une politique sur le long terme qui promeut la conciliation des usages et la réduction de notre consommation qui doit se mettre en place. »