Skip to main content

Onze recommandations pour mieux gérer l'eau


| La France Agricole | Actualités


L'Académie des technologies rend un rapport qui aborde les stratégies et moyens pour réaliser des économies de prélèvements d'eau douce et pour réduire les consommations.

La fourniture d’eau douce étant devenu un sujet critique, le pôle de l'environnement et du changement climatique de l’Académie des technologies a publié le 3 juillet 2023 le rapport « Apport des technologies aux besoins en ressource d’eau douce ».  « Cela fait un moment que certains responsables sont alertées et ont commencé à travailler sur ce sujet, comme les agences de l'eau, mais ça n'était pas jusqu'alors un sujet massivement préoccupant. Depuis l'été 2022, il y a eu une acélération brutale de cette prise de conscience lié aux problèmes d'eau douce », a jugé Yves Lévi, académicien et animateur de ce groupe de travail.

Stratégie à trente ans

L'Académie souligne qu'il faut anticiper d'urgence les baisses de ressources pour éviter l'aggravation du problème. « Pour cela, une composante nationale dans ces développements avec des orientations claires est nécessaire. Les problèmes locaux doivent être pris en main par les acteurs du territoire. Sur ces sujets, il ne faut pas raisonner à 2-3 ans car certaines technologies demandent un temps long et il faut prévoir les évolutions à au moins trente ans », ajoute-t-il.

« Il faut toujours garder à l'esprit la masse d'eau douce dont nous disposons, et allons disposer à l'avenir, au regard des prélèvements jugés indispensables. Il ne faut pas oublier non plus que lorsque l'on parle d'eau douce, c'est à la fois pour les besoins de l'activité humaine mais aussi pour le maintien de la biodiversité et de la nature », a insisté Yves Lévi.

Stockage de l'eau innévitable

Au niveau agricole, l'Académie souligne que les voies d'action consistent à décaler les dates de semis, à adapter les techniques culturales (irrigation sans viser l'optimum, nouvelles technologies, partage de l'eau...), à reconcevoir de nouveaux systèmes (remplacement d'espèces, asociations de cultures...) et à mieux gérer les sols agricoles par des techniques qui permettent d'accroître le taux de matière organique ou de mieux les couvrir.

Au sujet des retenues de substitutions, ou bassines, elle a en outre rappelé que cela doit se faire en concertation avec les populations. « Aujourd'hui, on a une orientation autour de ces réserves qui a pris une tournure plus politique que technique, alors qu'innévitablement il va falloir qu'on stocke de l'eau dans les meilleures conditions », a soutenu Yves Lévi. Le rapport rappelle de plus que l'utilisation des eaux usées traitées comporte des atouts mais aussi des risques, qui devront être gérés.

Intégrer les technologies

Estimant, qu'avec des situations locales extrêmement différentes, il faut se garder de généraliser l'ensemble des conclusions sur ce thème, l'Académie des technologies a donc rappelé l’importance de l’intégration des technologies dans une stratégie à composantes nationales, régionales et locales. Elle propose de positionner la disponibilité objective de technologies adaptées (avec leurs avantages et inconvénients) mais refuse les solutions simplistes et universelles.
L'Académie liste onze recommandations :

  1. Développement urgent, avec les pays voisins partageant des ressources en eau, d’une stratégie nationale à 5, 15 et 30 ans à deux niveaux : national et régional/local
  2. Anticiper les conséquences issues de la réduction des réserves nivales et glaciaires ;
  3. Agir maintenant compte tenu des délais pour certaines solutions ;
  4. Implanter d’urgence, là où c’est indispensable, de nouveaux modes de pratiques agricoles, d’évolution du système alimentaire et d’amélioration des techniques d’irrigation ;
  5. Développer des compétences en R&D et programmes de coconstruction de connaissance ;
  6. Élaboration, par les collectivités les plus concernées qui ne l’ont pas fait, de plans d’adaptation à 5, 15 et 30 ans ;
  7. Accompagner les décisionnaires dans l’implantation des solutions technologiques ;
  8. Fournir aux institutions de contrôle environnemental et sanitaire des moyens techniques et humains permettant d’accompagner les programmes technologiques ;
  9. Promouvoir des activités de R&D ;
  10. Prise en compte de la notion « d’intérêt national » dans les calculs de rentabilité ;
  11. Éviter dans les rapports, discours et débats toute qualification générale d’une technologie ou de son intérêt. Expliquer systématiquement les objectifs, les modalités de gestion et les impacts de la (ou des) solution(s) envisagée(s) afin de maximiser l’acceptation par les parties prenantes.