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Un première Bassine en Île-de-France

Sécheresse : une mairie interdit les nouvelles piscines privées

| Campagnes Solidaires | Vexin

Le phénomène des bassines accapareuses d’eau va-t-il s’étendre à toute la France ? Une première bassine vient d’être réalisée en Île-de-France, dans le Vexin, au nord-ouest de Paris. Une construction en catimini, pendant l’été 2022, sur une zone agricole protégée non constructible, sans permis de construire. On peut donc supposer que son promoteur espérait une régularisation à postériori : il n’a déposé une demande qu’en septembre, mais siège au conseil municipal. Le préfet a demandé au maire de la commune de Banthelu de dresser un procès-verbal de l’infraction, menaçant si ce n’est pas fait de demander une remise en état du site.

Pour le remplissage de la bassine, une déclaration de forage a bien été déposée en préfecture en temps et en heure. Le porteur du projet a été autorisé à prélever 149 750 m3 d’eau par an pour remplir sa bassine, destinée à arroser 350 hectares de cultures. Mais le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) est clair : « Tout projet de retenue soumis à déclaration ou autorisation au titre de la loi sur l’eau (L 214-1 du Code de l’environnement) doit préserver les nappes en tant que réservoirs les plus sûrs du point de vue quantitatif et qualitatif. L’atteinte de cet objectif de préservation conduit à ce que le remplissage ne soit assuré que par des prélèvements en eaux de surface (prélèvements en rivière, interception de ruissellement ou de drainage agricole) effectués en période excédentaire. » Autant dire qu’il n’est pas autorisé de remplir les retenues avec l’eau souterraine, qui plus est avec un point de pompage qui semble situé bien plus bas que les captages de la commune pour l’eau potable.

Un recours en justice a été déposé au tribunal administratif de Cergy, porté par un collectif d’organisations* dont est membre la Confédération paysanne d’Île-de-France. L’objectif est d’obtenir la remise en état du site ainsi que d’alerter sur le développement insidieux de cultures d’irrigation en Île-de-France, qui impliquerait la construction de mégabassines de stockage. Nous avons bien là la confirmation que le Poitou-Charentes joue le rôle de bassin d’expérimentation, mais que la généralisation des bassines guette tous les territoires.

Une manifestation s’est déroulée le 28 janvier à Banthelu, réunissant deux cents personnes. Une conférence de presse l’avait précédée, animée par Bernard Loup, militant opiniâtre (cheville ouvrière du combat contre la bétonnisation du triangle de Gonesse, dans le même département, et durant laquelle je suis intervenu, ainsi que plusieurs élu·es, dont deux députés. L’agriculteur ayant construit la bassine était présent et a pris la parole en fin de réunion. Le discours, assez victimaire [il risque en fait assez gros, vu les travaux investis et la possible obligation de « remise en état »], était plein des éléments de langages classiques : les écologistes veulent tuer l’agriculture, il ne reste plus que 400 000 paysans, etc. Un discours convenu pour ce céréalier de 350 hectares qui aurait pu penser, plutôt que de céder en bloc à son neveu, à installer plusieurs jeunes, par exemple, en diversifiant…

 

  • France Nature Environnement [FNE],
    Les Amis de la terre,
    Val-d’Oise Environnement.
    Demain le Vexin,
    Confédération paysanne d’lle-deFranœ.