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Charente-Maritime : la Cour des comptes met le nez dans les bassines

C’est dans le cadre d’une enquête interjuridictions sur la gestion quantitative de l’eau que la Cour régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine a étudié le fonctionnement du Syres 17

| Sud Ouest | Bassines


Un rapport analyse les « freins » auxquels est confronté le Syndicat des réserves de substitution de la Charente-Maritime (Syres 17), contrecarré dans ses projets dans les bassins du Curé et de la Boutonne

Le choix lexical suggère de quel côté vous penchez. Les opposants disent « bassines », voire « mégabassines ». Les partisans préfèrent parler de « réserves de substitution ». Dans le cadre d’une enquête interjuridictions sur la gestion quantitative de l’eau, la Cour régionale des comptes s’est penchée sur une entité publique unique en son genre en France, le Syndicat des réserves de substitution de la Charente-Maritime (Syres 17). Il a été fondé en 2015 à l’initiative du conseiller départemental Michel Doublet à la suite de l’échec du projet de barrage dans la vallée de la Trézence.

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Que dit le rapport, publié mercredi 7 juin ? Pas grand-chose sur la gestion. Avec deux agents et 120 000 euros de budget, le Syres est une infanterie légère, qui a pour vocation d’accompagner les projets de réserves dans le département. La présidente, Françoise de Roffignac, par ailleurs vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’eau et de l’environnement, en profite pour communiquer sur le rôle méconnu du Syres. Lors d’un point presse organisé mercredi matin, elle a retenu un autre message. « La Cour des comptes acte les freins qui nous empêche de fonctionner. »

La Boutonne en appel

« Aucun des projets que le syndicat porte n’a été mis en œuvre à ce jour, laissant sans réponse les problèmes de ressource en eau que sa création visait à résoudre », écrit la Cour des comptes. Le 21 février, la cour d’appel de Bordeaux a confirmé l’annulation de l’autorisation environnementale de six réserves dans le bassin du Curé, dans le secteur de l’Aunis. En cause, le mode de calcul des prélèvements.

« Il faut un plan pluriannuel de la ressource en eau, comme on en a pour l’énergie »

L’autre dossier porté par le Syres, dans le bassin de la Boutonne, a été retoqué en première instance, pour une question d’étude d’impact. Cette fois, le ministère a fait appel aux côtés du syndicat. Une décision défavorable en appel pourrait enterrer les ambitions du Syres. Lequel n’a pas pris le risque d’engager les chantiers avant que les recours ne soient purgés.

Cas par cas

Françoise de Roffignac reste convaincue que le syndicat peut jouer un rôle de « levier ». Dans un sujet aussi brûlant que clivant, elle prône la « coconstruction ». « On est une solution parmi d’autres. Pour la gestion de l’eau, on peut jouer sur le reméandrage, le travail sur les zones humides, la réimplantation de haies, l’accompagnement de nouvelles filières, ou encore le désenvasement de la Charente, qui aide à stocker l’eau en amont de Saint-Savinien. »

« On est sur des dossiers qui ont démarré il y a vingt ans, mais les critères sont toujours remis en question. On se retrouve toujours à rebours », regrette le directeur, Fabien Poussin. Il défend une approche au cas par cas. « Les réserves font baisser la pression en été. C’est un rééquilibrage de la disponibilité en eau pour tous les usages. »

Pour la Seudre, la Seugne ou Charente Aval, les projets de territoire de gestion de l’eau (PTGE) patinent parce qu’ils intègrent l’option des bassines. Selon Françoise de Roffignac, c’est à l’État de trancher. « Il faut un plan pluriannuel de la ressource en eau, comme on en a pour l’énergie. »