Contamination Eau potable : le dioxane, cancérogène possible, détecté dans plusieurs régions françaises

Du dioxane a été trouvé dans 8 % des 586 échantillons d'eau potable testés par l'Anses. (Capelle.r/Getty Images)
Un cancérogène possible dans l’eau courante. L’info est un peu passée inaperçue quand, en avril dernier, l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) publie un rapport les polluants émergents dans l’eau potable. La présence de résidus de pesticides capte l’attention. Plusieurs élus et associations appellent, dans Libé, «le gouvernement à interdire sans délai l’utilisation de produits phytosanitaires sur les aires de captage d’eau et à soutenir financièrement les agriculteurs et agricultrices pour assurer cette transition». Leur présence a même conduit certaines collectivités à fermer des sites de captage d’eau potable, rapporte Radio France.
Mais une autre molécule repérée par l’Anses pose aussi question. L’agence affirmait, dans le même document, avoir trouvé des traces de 1,4-dioxane (on va l’appeler simplement dioxane) dans 8 % des échantillons. Le dioxane est utilisé par les industriels des peintures comme solvant, mais aussi en laboratoire ou comme agent détergent de nettoyage, selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles). Il est surtout classé cancérogène possible chez l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer. C’est-à-dire qu’il y a des preuves suffisantes de sa carcinogénicité chez l’animal mais insuffisantes chez l’humain.
«On peut constater que certaines régions semblent épargnées par une contamination en 1,4-dioxane comme le Sud-Est et le Nord-Ouest de la France, la Corse et les DROM. Seules neuf régions sont concernées, dans le cadre de cette campagne, par la présence de ce composé avec l’Ile de France, le Centre-Val de Loire et les Hauts-de-France», écrit l’Anses, en se basant sur 586 échantillons analysés.
Aucune valeur limite n’existe en France
Le dioxane n’était pas surveillé jusqu’à présent. «C’est parce qu’il y a eu des publications aux États-Unis sur ce polluant que nous l’avons cherché», précise Xavier Dauchy de l’Anses à Radio France le 30 juin dernier. «L’OMS a fixé le critère de qualité à 50 µg /L pour l’eau potable. Ce même seuil est suivi au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud et au Canada (Santé Canada 2021). Aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency (US-EPA) préconise le seuil maximal à 0,35 µg /L pour les EDCH. En parallèle, 33 Etats ont établi des valeurs guides pour la qualité de l’eau allant de 0,25 µg /L, valeur la plus sévère pour le New Hampshire à 77 µg /L pour d’autres Etats. En Allemagne, une limite à 0,1 µg /L a été instaurée», note l’agence dans son rapport. Aucune valeur limite n’existe en France.
Radio France a analysé en détail les données de l’Anses. La radio affirme que «si nous appliquions les règles choisies à New York, plusieurs sites nécessiteraient que les pouvoirs publics prennent des mesures d’interdiction ou de purification de l’eau. (C’est le cas dans l’Eure-et-Loir à Thiron-Gardais, en Côte d’Or à Perrigny-lès-Dijon, ainsi que dans les Yvelines à Mareil-sur-Mauldre)». Le département des Yvelines détient le record national de concentration en dioxane avec 4,8 µg /L.
Cela a attiré l’attention du Parisien. Le quotidien nous apprend qu’une campagne complémentaire de mesure a été menée dans le département. «On est sur un contexte historique, avec une industrie de trichloréthylène. Mais ce n’est pas forcément la seule source, explique Christophe Rosin, chef de l’unité chimie des eaux au laboratoire Anses d’hydrologie de Nancy (Meurthe-et-Moselle), chez nos confrères. On a des pistes, des connaissances d’industriels qui ont quitté le site. Mais le fait de savoir qu’il y a une contamination historique ne dit pas qu’il n’y en a pas d’autres. Les investigations se poursuivent.»
En attendant, l’ARS tente de rassurer en disant au quotidien, que «l’eau distribuée sur les communes concernées est de bonne qualité pour les paramètres analysés dans le cadre du contrôle sanitaire réglementaire et compte tenu des connaissances scientifiques actuelles». Le Parisien, lui, se demande si des techniques efficaces pour dépolluer l’eau de cette substance existent.