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Une pénurie d’eau potable n’est pas à exclure dans l’Agglo la plus peuplée de France


| La Gazette du Val d'Oise | Actualités

Grand Paris Seine & Oise (Yvelines), estime devoir investir 80 M€ d’ici à 2030 pour sécuriser les réseaux de production et de distribution d’eau potable sur le territoire.

Une pénurie d’eau potable n’est pas à exclure dans l’Agglo la plus peuplée de France Grand Paris Seine & Oise (Yvelines), estime devoir investir 80 M€ d’ici à 2030 pour sécuriser les réseaux de production et de distribution d’eau potable sur le territoire.
Des habitants de Grand Paris Seine & Oise (Gps&o), dans les Yvelines, pourraient-ils un jour ne plus avoir accès à l’eau potable ? L’éventualité ne relève pas de l’impossible. La question est même suffisamment sérieuse pour que les élus de la communauté urbaine la plus peuplée de France, avec ses 400 000 âmes, envisagent le pire et s’en prémunissent. Gilles Lécole, vice-président délégué à l’Eau et à l’Assainissement de Gps&o, estime d’ailleurs que 80 M€ d’investissement sont nécessaires d’ici à 2030 pour sécuriser les réseaux de production et de distribution d’eau potable sur le territoire : « Le but est de créer une autoroute de l’eau. Un réseau structurant de secours qui permettrait à toute la communauté urbaine d’être toujours alimentée en cas de casse ou de pollution de façon indépendante. »

17 M€ pour éviter la hausse des factures

Pour atteindre cet objectif, celui qui est aussi maire d’Aubergenville a obtenu du conseil communautaire, le jeudi 12 octobre, un versement de 17 M€ pour son budget eau (extraction, traitement et adoucissement de la ressource). La somme a été déduite du budget général. « De cette façon, il n’y aura pas de hausse sur les factures des usagers, précise-t-il. Nous l’avons déjà fait, nous ne voulions pas recommencer. » Le conseil communautaire avait en effet voté en décembre 2021 une hausse de 0,25 centime de la part communautaire sur le prix de l’eau et ainsi provoqué une vague de critiques.
Au-delà des sommes investies pour la mise en place de la télérelève et d’unités de décarbonation permettant de fournir une eau adoucie aux administrés, cette enveloppe doit servir à prévenir les risques futurs pesant sur la ressource. « Il existe deux éléments prégnants aujourd’hui. Le stress hydrique, d’une part, et les différentes pollutions aux nitrates ou aux pesticides, par exemple », ajoute Gilles Lécole. 

Réseau  de secours

L’élu rappelle la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’usine de production de Meulan-en-Yvelines. Le lieu est en effet fermé depuis 2021 en raison d’une pollution au chrome. « Saint-Martin-la-Garenne est devenu le pôle de substitution depuis la fermeture de Meulan, décrit Gilles Lécole. Sans ce réseau de secours, il aurait ét é impossible de maintenir la fourniture d’eau. Néanmoins, nous devons rester attentifs, car les taux de nitrates et de pesticides relevés flirtent avec les normes prescrites. » L’épisode a particulièrement inquiété le vice-président, car il pourrait en appeler d’autres, notamment en raison de l’histoire économique et agricole du territoire.
« À Achères, par exemple, nous avons dû faire face à une pollution par infiltration qui est probablement la conséquence d’usages de la SNCF qui datent de cinquante ou soixante ans. L’usine de Meulan a déjà connu un épisode de pollution qui avait été traité. Deux ou trois décennies après l’abandon de l’unité de traitement, on découvre une nouvelle pollution. Cela donne une idée du chemin parcouru par les polluants dans les nappes phréatiques », ajoute Gilles Lécole.

« Nous avons frôlé la catastrophe »

À l’affût des publications scientifiques sur le sujet, le maire d’Aubergenville a déjà identifié une autre menace à venir : les micropolluants. « Ils me font peur, car nous ne sommes pas en capacité de les traiter pour le moment, confie-t-il. L’Agence régionale de santé (Ars) et l’État sont de plus en plus exigeants. Cela nécessiterait encore d’autres investissements. »
A l’été 2023, le département des Yvelines avait été le territoire francilien le plus touché par la sécheresse. En juillet, 120 communes yvelinoises, dont sept membres de Gps&o (Auffreville- Brasseuil, Aulnay-sur-Mauldre, Breuil-Bois-Robert, Flacourt, Mantes-la-Ville, Nézel et Vert), avaient été soumises par arrêté préfectoral à des restrictions sévères des usages de l’eau.
« Un samedi de juin 2022, nous avons frôlé la catastrophe, alerte aussi Gilles Lécole. Lors de cet épisode de canicule précoce, la demande d’eau a explosé. Le niveau des châteaux d’eau n’a jamais été aussi bas, celui de Mantes-la-Ville est passé à deux doigts de la disette. » La répétition de ces périodes de forte tension sur les réseaux doit inciter la communauté urbaine, selon son vice-président, à prioriser leur sécurisation.
Cette dernière passe enfin, pour le maire d’Aubergenville, par une plus grande indépendance de Gps&o vis-à-vis de ses délégataires. « Les réseaux structurants, de gros tuyaux de part et d’autre de la Seine, sont aujourd’hui la propriété des délégataires, ce qui nous permet de les utiliser sans payer. S’ils devaient être rachetés par un fonds d’investissement, leur usage pourrait alors nous être facturé. »
L’élu souhaite donc rencontrer les dirigeants de Suez et de Véolia pour négocier un rachat de ces réseaux structurants. Coût estimé de chaque réseau par Gilles Lécole : 8 M€.