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Ressources en eau en Nouvelle-Aquitaine : pour éviter la catastrophe, « des solutions existent, il est urgent d’agir »


Le bassin Adour-Garonne

| Sud Ouest | Actualités


L’agence de l’eau Adour-Garonne, établissement public, finance les opérations de prospection et orchestre les actions de préservation de la ressource. Sa directrice, Élodie Galko, est formelle : « Si on n’agit pas, on va droit à la catastrophe »

Selon les prévisions de l’agence Adour-Garonne, un litre d’eau sur deux ne sera plus disponible d’ici à 2050. Que cela signifie-t-il concrètement ?

Certains pensent que la disponibilité en eau est liée à la pluie qui tombe. C’est un peu plus compliqué que cela. Quand il fait très chaud, les humains transpirent et boivent davantage. C’est la même chose pour la nature avec le phénomène d’évapotranspiration. Cette dernière va davantage pomper les ressources naturelles à cause du réchauffement climatique.

« La neige alimentait la Garonne jusqu’à début juillet. Aujourd’hui, c’est uniquement jusqu’à juin »

Comment expliquer la diminution des réserves en eau ?

Il va y avoir un petit peu moins de pluie, surtout en été. La deuxième explication, c’est la baisse des volumes de neige et la disparition des glaciers dans les Pyrénées. Les réserves de ce château d’eau naturel diminuent. La neige alimentait la Garonne jusqu’à début juillet. Aujourd’hui, c’est uniquement jusqu’à juin.

On peut désormais traverser la Garonne à pied en période de sécheresse…

Et sa température augmente. En 2022, la Garonne a dépassé le seuil sanitaire de 28 degrés à Toulouse. Il y a eu des dérogations parce qu’on ne pouvait pas priver tout le monde d’eau potable. Il a fallu injecter plus de chlore pour compenser et éviter la prolifération des bactéries.

Quelles sont les solutions ?

Nous n’avons pas le luxe de faire la fine bouche. Si on commence à minimiser une solution par rapport à une autre, on se trompe. Le premier point, c’est la sobriété. Ensuite, l’enjeu principal est de ralentir l’eau, éviter que la goutte rejoigne trop vite l’océan. La troisième idée, c’est le stockage naturel, en créant des zones humides. Nous sommes en train de mettre en place des PSE, des paiements pour services environnementaux. Cela s’adresse aux agriculteurs qui préservent leurs zones humides, généralement des prairies.

Et la réutilisation des eaux ?

Je pense à la Brasserie du Pays basque, à Bardos, qui a réduit massivement sa consommation en réutilisant ses eaux usées. Nous avons également deux projets qui sont dans les tuyaux, à Royan (17) et à Mont-de-Marsan, pour la réutilisation des eaux traitées des agglomérations au profit de l’agriculture.

Quid de l’adaptation de l’agriculture ?

Cela peut passer par des changements de cultures ou de variétés, plus résistantes à la sécheresse. À condition d’avoir des filières de transformation et des marchés derrière. Je pense à l’olivier, à la grenade ou au sorgho.

Trouver de nouvelles ressources est-il indispensable ?

Nous sommes en train de prospecter sous les vallées pyrénéennes et dans les nappes profondes en Dordogne, Lot-et-Garonne et sur le bassin de la Charente. Il s’agit de mieux connaître ces ressources, moins pour les exploiter que pour les identifier. Elles pourront être utilisées en cas de crise.

Faut-il s’inquiéter ?

Si nous ne faisons rien, la situation peut devenir catastrophique. Les leviers et les solutions existent, mais c’est maintenant qu’il faut agir.

Le prix de l’eau va-t-il exploser ?

La Gironde a accueilli 300 000 habitants en dix ans sans augmenter ses consommations d’eau. Faire des économies d’eau, c’est aussi faire des économies d’argent. Penser que l’eau doit être toujours moins chère est une erreur. Le mur d’investissement est devant nous. Relativisons : la facture d’eau, pour le budget des ménages, c’est moins de 0,8 %.