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L’Espagne pourrait produire moitié moins de céréales à cause de la sécheresse

Fin avril, 27 % du territoire espagnol était en état d’alerte ou d’urgence en raison du manque d’eau.

| Web-Agri | Actualités

L’Espagne subit actuellement une sécheresse prolongée, aux conséquences catastrophiques pour l’agriculture et notamment la production céréalière.

Une sécheresse historique sévit en Espagne depuis l’hiver, aggravée fin avril par une vague de chaleur précoce qui a vu le mercure exploser des records pour cette période de l’année.

La situation est critique pour les productions agricoles. « La perte de 3,5 Mha de céréales n’est pas une fable », twittait le 2 mai l’agrométéorologue Serge Zaka, ajoutant deux jours plus tard que « c’est en quelque sorte toute l’agriculture espagnole non irriguée de l’année 2023 qui est maintenant menacée ».  

Selon le Coag, principal syndicat agricole en Espagne, le pays doit s’attendre à l’une de ses pires récoltes céréalières du XXIe siècle : sans pluie d’ici fin mai, les pertes atteindraient 9 Mt, pour une production annuelle qui oscille d’habitude entre 18 et 26 Mt (dont 6 à 11 Mt d’orge, 5 à 7 Mt de blé et 3 à 5 Mt de maïs).

Les exportations agroalimentaires et agricoles espagnoles sont dominées par les fruits et légumes, la viande de porc, le vin, l’huile d’olive, les produits de la mer et les bovins d’engraissement. Le pays est en revanche importateur net de céréales : sa production ne couvre pas ses besoins, notamment en matière de fabrication d’aliments du bétail. Une baisse drastique de production en 2023 devrait donc être synonyme d’importations accrues dans les mois qui viennent.
Toutes les zones du pays sont touchées et le Coag s’attend à des pertes totales de production pour les agriculteurs situées dans les régions les plus sèches du centre et du sud.

60 % des céréales non irriguées seraient actuellement asphyxiées par le manque de pluie et les cultures irriguées sont aussi menacées, alors que l’état des réserves est de plus en plus préoccupant et que des restrictions sont en place depuis février dans certaines régions, comme la Catalogne et l’Andalousie.

D’après l’économiste Judit Montoriol Garriga, relayée par le quotidien La Razón, la superficie irriguée en Espagne représentait 22,9 % des surfaces cultivées en 2021, et plus de 50 % de la production totale. Alors que le pays utilise 80 % de son eau douce pour l’agriculture et que près de 75 % de son territoire se trouve, selon l’Onu, en voie de désertification, de plus en plus de voix - scientifiques, politiques, ONG - s’élèvent pour repenser cet usage de l’eau tout en luttant contre le réchauffement climatique.
La sécheresse met aussi en grande difficulté le secteur espagnol de l’élevage. Déjà particulièrement touchés par la hausse des coûts énergétiques et alimentaires ces derniers mois, de nombreux éleveurs craignent de manquer de fourrages voire de céréales pour nourrir leurs troupeaux. Cela pourrait mener à une décapitalisation marquée dans les mois qui viennent.

Fin avril, l’Espagne a demandé un soutien d’urgence à l’UE, et a activé des aides fiscales pour les secteurs les plus touchés : élevage, céréales, légumineuses, oléagineux, oliveraies, abricots, pêches, nectarines, amandes et châtaignes.